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INSTITUT SUPÉRIEUR PRIVÉ DE PHILOSOPHIE  Maison Lavigerie
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  • Grand Séminaire de Philosophie des Missionnaires d'Afrique à Ouagadougou, avec l'objectif d'assurer une formation philosophique et religieuse aux étudiants, leur permettant d'acquérir les concepts nécessaires pour poursuivre dans des cycles universitaires
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14 février 2016

La technique et le problème éthique

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Le XXe et le XXIe siècle nous font subir le choc de « la révolution technicienne ». L’homme serait embarqué dans tous les paradoxes, ce qui explique que notre époque coïncide avec un accroissement considérable et un sentiment  de puissance de l’homme. Le champ de ses possibilités s’agrandit dans tous les domaines de son existence. À la Renaissance et dans la moitié du XIX siècle, on voit poindre trois slogans qui semblent indiquer la genèse de la techno-science.: « mathématiser la nature » ;(Galilée) ; « se rendre comme maître et possesseur de la nature » ;(R. Descartes) et « réaliser toutes les choses possibles » (F. Bacon). L’invention technique se joint à la science et tous deux se complètent pour former un couple parfait pour un certain progrès. Cependant que cache la techno-science ? Quel problème éthique soulève les inventions de la technique pour notre humanité ?

Le philosophe français André Lalande définit la technique comme « l’ensemble de procédés bien définis et transmissibles destinés à produire certains résultats jugés utiles ». La techno-science s’impose comme la plus grande puissance du présent et de l’avenir. C’est à cela que nous devons, pour le meilleur et le pire, le développement de l’énergie atomique et aussi de la biologie. La biotechnologie suscite autant de promesses et d’espoirs que de craintes pour l’humanité. Tout tourne aujourd’hui autour des questions de dons de spermes, d’ovules, d’inséminations artificielles, de bébés éprouvette, du choix du sexe de l’enfant, son intelligence ou QI, de la couleur de la peau pour ne citer que ceux-ci. Que serait un monde où l’intelligence des gens peut être multipliée par 100 ? Le choix du sexe de l’enfant ne peut-il pas être une cause de sex-ratio pour l’humanité ? Quel statut aura donc l’enfant né d’une insémination ? La conception selon laquelle l’enfant est le fruit de l’amour et un don de Dieu a-t-elle aujourd’hui sa place ? Aujourd’hui on parle de banque de spermes c’est-à-dire des institutions dans lesquelles certaines personnes viennent échanger leurs spermes en échange d’une somme et ces institutions revendent ces spermes à des personnes en fonction de « la qualité » de l’enfant que ces derniers désirent avoir. Ce qui veut dire que les descendants des donneurs peuvent se rencontrer et avoir des enfants ensemble sans savoir qu’ils sont demi-frère ou demi-sœur. C’est la cause de nombreuses maladies liées à la consanguinité comme la mucoviscidose. La dignité de l’homme serait réduite à un simple échange marchand. Quelle morale pour notre humanité ! L’homme serait devenu en le constatant un « homodeus » c’est-à-dire comme Dieu. Nul ne peut dire ce que sera la technique  dans quelques années. La seule certitude sur laquelle on pourrait conjecturer c’est que la technique se dirige vers une croissance en puissance. Tous les jours, nous constatons des découvertes scientifiques et technologiques.  Mais il y a lieu de s’interroger sur le problème éthique suscité par les inventions techniques. Si l’on admet que l’homme fait partie de l’univers alors cela signifierait que toucher à l’ordre de l’univers c’est aussi transformer l’homme. L’espoir provenant de Prométhée[1]s’est transformé en une sorte de crainte. En effet, L’homme qui, par son intelligence avait le pouvoir sur la nature est devenu lui-même objet de manipulation.

La modification du génotype avec pour conséquence la possibilité de transformation de la race humaine conduit à une inquiétude qui va faire naître la bioéthique qui veut intervenir au niveau du contrôle  du comportement, de l’euthanasie, des expériences sur les humains, la technique de recherche et de reproduction. Aussi, l’exploitation de plus en plus efficace et intensive de notre milieu naturel à des fins égoïstes n’est pas sans danger pour l’humanité. Il serait urgent de défendre l’homme contre la technologie de notre siècle c’est-à-dire développer une éthique de la non puissance, ne pas faire toutes les choses possibles tant au niveau de la manipulation des gènes, de la destruction de l’environnement que de la consommation. Et selon Hans Jonas dans son ouvrage Le principe de la responsabilité, il faudrait une heuristique de la peur. Non pas une peur qui paralyse l’action mais la prudence source d’une éthique pour le présent et le futur. Et c’est dans cette optique qu’il affirme : «  Agis de telle façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre ». Autrement dit, ne compromettons pas les conditions pour la survie indéfinie de l’humanité sur terre. Il faudrait dans ce sens encourager les comités d’éthique qui se forment dans les différents pays dans le but exactement de circonscrire les abus qui pourraient résulter de l’application de nouvelles techniques d’où le combat permanent des écologistes pour la protection de la nature, de la biodiversité, la lutte contre le réchauffement  climatique, la pollution des eaux par la radioactivité etc.

Puisqu’il s’agit de protéger l’environnement pour une vie future  humainement viable pour tous, l’Église Catholique veut s’inscrire  dans cette dynamique.En effet le Saint père François dans sa lettre encyclique Laudato si sur la construction de  la maison commune appelle à la prudence et à la responsabilité afin de protéger notre environnement qui est notre cadre de vie. Le principe de précaution pourrait permettre à chacun de connaitre l’importance de l’environnement et de profiter de la biodiversité. De fait, la destruction de l’environnement a des effets néfastes sur  la vie de l’homme.

En somme Le progrès technique actuel apparait une somme d’imprévus. Des menaces constatées sur l’écosystème, les grandes industries d’armements, du nucléaire au développement du génie génétique, nous sommes dans une trajectoire d’impasses. La techno-science actuelle transforme tout ce qui a été, est et peut-être sera. Étant donné que l’homme est une valeur, une fin en soi et c’est au nom de cette valeur que le progrès technique doit être contrôlé. Rabelais disait à ce propos : « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » Au regard du problème éthique que cache la technique avec les industries d’armements, on pourrait s’interroger aussi sur le Terrorisme dont beaucoup de pays sont victimes aujourd’hui.

 

 

SAWADOGO Jean De Dieu, Postulant Rédemptoriste, 1ère année.



[1] . «Prévoyance », GRAVES, Robert, Les mythes grecs, Encyclopédies D’aujourd’hui, le livre de poche, pp.234-245. 

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