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INSTITUT SUPÉRIEUR PRIVÉ DE PHILOSOPHIE  Maison Lavigerie
INSTITUT SUPÉRIEUR PRIVÉ DE PHILOSOPHIE Maison Lavigerie
  • Grand Séminaire de Philosophie des Missionnaires d'Afrique à Ouagadougou, avec l'objectif d'assurer une formation philosophique et religieuse aux étudiants, leur permettant d'acquérir les concepts nécessaires pour poursuivre dans des cycles universitaires
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3 juin 2014

Philosophie ou « foulosophie » ?

La plupart des bacheliers qui arrivent à l’Université ne trouvent pas d’intérêt à s’inscrire au département de philosophie.  On les entend souvent dire : « A quoi sert la philosophie, sinon pour devenir bizarre ! ». En effet, cette façon de discréditer la philosophie a ses origines dans les témoignages que nombre de nos enseignants de philosophie donnent de leur discipline. Parfois, par excès de zèle, des enseignants de philosophie reculent à grands pas pour récupérer Diogène le Cynique et justifier leurs bizarreries dont ils ne s’imaginent peut-être pas les conséquences. Il n’est pas rare d’entendre des enseignants dire : « Il y a trois ans que j’ai ma moto, mais c’est seulement hier que la pluie m’a surpris et l’a lavée pour la première fois ! » ou, « Se laver et s’habiller restent facultatifs étant donné que chacun est libre par lui-même ». Ces enseignants sont souvent trop bavards, et pensent avoir toujours à dire. Ils bafouent l’ordre établi et se moquent de la hiérarchie. Et, pour paraphraser Dale Carnegie, ils sont habitués à toujours parler mal de grandes personnalités, sans exception ; ce qui est à distinguer de critiques constructives.

            Avons-nous exagéré ? Pas du tout. Ce sont des faits que vivent beaucoup d’établissements scolaires aujourd’hui. La réalité est tellement récurrente que pour désigner, même un enseignant de mathématique bizarre, on dit : « c’est un philosophe ». Dès lors, l’appellation philosophe dans nos milieux scolaires fait référence à des gens bizarres, et à tous ceux qui ont toujours à critiquer pour critiquer ; les éternels insatisfaits qui écoutent, non pas pour comprendre mais pour répliquer.

            Le philosophe au lycée et pour le profane, c’est un homme de principes qui se fait craindre par des réactions verbales très violentes. C’est quelqu’un qui n’a de respect pour personne, et qui se croit autorisé à tout dire n’importe où, n’importe quand et à n’importe qui, n’importe comment. Ce masque que l’on porte à tort et à travers à la philosophie conduit certains élèves et étudiants, avides d’attention, à ne pas se peigner, à marcher nus pieds, pour se faire appeler Socrate ou Diogène.

Ceux d’entre eux qui se font difficilement comprendre par leurs interlocuteurs, emploient des mots savants (parfois en désordre et sans logique) qu’on appelle souvent « gros mots »,et se font appeler Nietzsche. C’est justement en voulant imiter son enseignant de lycée que l’élève tombe dans les bizarreries. Ces genres de comportements conduisent certains parents, mal informés de la chose philosophique, à décourager leurs enfants qui voudraient s’adonner à la philosophie.

            La philosophie, en réalité, est-elle elle-même bizarre ? Répondre à cette question par l’affirmatif serait manquer de respect pour ceux qui ont de la passion pour une si noble discipline. D’ailleurs, les grands philosophes de l’Antiquité étaient, pour la plupart, des sages ; ils étaient des références au sein de la société. Ceux que nous appelons aujourd’hui « saints » dans l’Eglise Catholique, correspondent à ceux que l’on appelait « sages » dans l’Antiquité grecque, pour le fait que la recherche de la sagesse implique la culture d’une vie vertueuse. Or, s’il est vrai que la vertu est une tendance ou un penchant vers le Bien, il est sans commentaire que celui qui recherche une vie vertueuse recherche, à cet effet, une vie de sainteté. Le sage, nous dit Descartes, c’est celui qui sait et qui, en sachant, vit mieux.

            Par ailleurs, tout comme il y a à côté des personnes engagées à la sainteté des personnes incrédules, ainsi l’histoire de la philosophie a-t-elle connu des sages, des prétendus savants, des hors-philosophes qui refusent de reconnaître qu’ils ont à s’exercer à la gymnastique philosophique. C’est pourquoi il n’est pas étonnant de trouver dans nos lycées, certains enseignants qui ne font pas preuve de philosophes. Pour se moquer d’eux, on les appelle souvent « foulosophes ». La philosophie ne forme pas à la bizarrerie ; elle peut avoir vainement tenté de former des personnes naturellement bizarres. Dans ce cas, elle est excusable à partir du moment où la nature elle-même n’est pas prête à céder à l’éducation. Une philosophie bien assimilée, dans tous les cas, éduque en même temps qu’elle instruit. Lorsque le philosophe lève le doigt et prend la parole, les yeux et les esprits sont braqués, l’atmosphère est relaxe ! Il est capable de réagir avec le même front, le même visage, en toute circonstance.

            La particularité du philosophe réside dans le fait qu’il réfléchit avant la masse et se tient au-dessus de la mêlée (sans bien sûr s’enfermer dans sa tour d’ivoire)  pour souffler sur des situations embarrassantes, parce qu’étant habitué à la réflexion de haut niveau. Il ne s’impose pas, il se propose parce qu’étant conscient qu’il ne possède pas la vérité en totalité. La philosophie n’est pas inutile et le philosophe bizarre. Un enfant qui commence avec la philosophie est déjà en route pour une vie vertueuse ; car le philosophe doit être aussi éduqué qu’instruit. Tout le monde peut être philosophe, disons-le haut, à partir du moment où, au fond de chaque homme murmure un désir du Bien, et donc d’une vie vertueuse !

KABOUA Madjaton Jean-Marie, Philo III

 

 

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